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Didier K. Expérience
14 janvier 2021

Les Paradis Périphériques E.11/34

Paradis Périphériques

J’hésitai à jeter le bout de papier avec le numéro de téléphone. Je remis à plus tard la décision de m’en débarrasser.

J’étais content, malgré tout, qu’il ne lui soit rien arrivé de mal. Je ne savais plus quoi penser, j’étais perturbé, il me plaisait encore. Pourtant, j’avais réussi à l’oublier, je ne pensais plus à lui depuis que j’étais avec Franck. Et là, tout était par terre, sans dessus dessous… Je décidai de ne rien dire à Franck et d’être le plus discret possible. C’était de l’histoire ancienne, c’était fini, alors pas la peine de réveiller les vieux démons de la jalousie.

Cette rencontre saugrenue m’avait remué plus que prévu. Je m’en voulais d’avoir réagi si durement… Deux ans plus tôt, j’aurais donné n’importe quoi pour qu’il réapparaisse. Là, le miracle avait eu lieu, et je n’avais eu qu’une envie, celle de lui mettre les points sur les i, et ça avait tourné au vinaigre…

Enfin. Il était toujours aussi beau, et toujours aussi excitant. Il était plus vieux de deux ans, ça lui donnait un côté un peu plus mature. Il avait perdu son style étudiant, il s’était affiné, était aussi plus musclé. Il portait une fine moustache qui surlignait bien cette bouche lippue, qui me plaisait toujours autant.

Ce gars me faisait un effet comme jamais un gars ne m’avait fait jusque-là.

J’étais dans une confusion la plus totale, je tournais en rond dans l’appart, contrarié. Je triturai le bout de papier en lisant et relisant le numéro de téléphone, je finis par le connaitre par cœur. Je savais que je finirais par l’appeler, c’était inéluctable. Ibrahim avait réussi à foutre le bordel dans ma tête… Franck terminait son boulot tard le soir, ce qui me laissait du temps libre pour m’organiser. Sur les coups de 20h, je décidai de crever l’abcès, il fallait que je parle à Ibrahim et que j’entende sa voix encore une fois.

Il décrocha de suite. A l’époque, les téléphones fixes ne permettaient pas de filtrer les numéros : c’était pratique.

-          Ibrahim ? Ouais c’est Daniel… Je voulais qu’on se parle encore un peu. Tu es d’accord ?

-          Oui ! De quoi veux-tu qu’on parle ?

-          Ben, qu’on parle de nous… Il faut que je sache ce que tu veux, exactement.

-          Tu m’as dit que tu vivais en couple, donc, on ne peut plus se mettre ensemble, sauf si tu te sépares de ton copain… je ne crois pas que tu le feras, n’est-ce pas ?

-          Effectivement, je ne le ferai pas… Mais rien ne nous empêche de nous revoir, et de recoucher ensemble. Je sais que tu en as autant envie que moi.

-          Ça me plairait bien, mais je ne le ferais pas. Soit, tu es libre et on peut être ensemble, soit tu es en couple et on ne peut qu’être amis, mais on ne baisera pas… Il faut que tu te libères, c’est ma condition.

J’étais éberlué par ce que j’entendais dans le combiné. Ibrahim m’avait jeté comme un moins que rien, et là, il se permettait de fixer des conditions pour revenir avec moi.

-          Je n’ai pas envie de quitter mon copain, on s’entend bien, tout va bien entre nous. Mais ce n’est pas un obstacle pour qu’on puisse se revoir. Je te rappelle que tu es venu me voir cet après-midi après deux ans de silence. Ce n’est pas moi qui suis venu te chercher. Tu devais t’attendre à ce que je te fasse cette proposition.

-          Je sais que c’est moi qui suis venu, je te fais des excuses, je n’aurais pas dû.

-          Tu te fous de moi ou quoi ? Tu t’attendais à quoi ? … J’ai envie de toi et tu as envie de moi. Tu crois que je n’ai pas remarqué que tu étais excité ?

-          C’est vrai ! J’étais excité mais je n’y peux rien, c’est physique. J’aurai bien voulu, mais je ne peux pas. Pas comme ça en tout cas… Il faut que je te laisse…

Il me raccrocha au nez. Je le rappelai dans la foulée, mais il laissa sonner. Tant que Franck n’était pas rentré, je fis plusieurs fois son numéro, mais Ibrahim ne décrocha pas.

Franck finit par arriver, je ne pouvais plus utiliser le téléphone aussi discrètement que je l’aurais voulu, il remarqua mon embarras. Je lui avouai que j’étais contrarié, que ça passerait en dormant. Il ne posa pas plus de question, il avait déjà fort à faire avec son boulot qui était très prenant, et le soir, il n’avait qu’une seule envie, celle de se détendre.

La nuit fut chaotique. Un vrai terrain de manœuvre s’était installé dans ma tête, il fallait que je monte à l’assaut. Franck s’écroulait toujours comme une masse, l’immeuble aurait pu s’effondrer qu’il aurait continué à dormir sans problème, il ne vit rien de mon remue-méninges… Cette nuit-là, impossible de mettre une stratégie en place : pour l’instant, j’étais vaincu.

Le lendemain soir, j’étais à peine rentré que je tournais déjà autour du téléphone. Ça me démangeait d’appeler Ibrahim. Le problème : je ne savais que lui dire. Je n’allais quand même pas le harceler jusqu’à ce qu’il cède ! Il fallait que je me calme et que je réfléchisse… Je sortis faire un footing, un peu de sport me ferait du bien.

Je courus jusqu’au parc de la Courneuve… Une bonne heure plus tard, j’étais de retour à la maison, Franck était rentré aussi. Je pris ma douche, puis une fois séché et changé, j’allai le retrouver sur le balcon, prendre un apéritif. Là, je l’embrassai tendrement. On passa la soirée ensemble à discuter, on était bien.

J’oubliai le téléphone, j’oubliai Ibrahim…définitivement.

 

Didier Kalionian - le Blog Imaginaire (c) 2021

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