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Didier K. Expérience
5 février 2021

Les Paradis Périphériques E.33/34

Paradis Périphériques

Je me levai tardivement ce dimanche. De toute façon, cette journée était rythmée par le GTD au Palace. Je me préparai doucement, tranquillement : pantalon serré, débardeur moulant, rasé de frais, coiffé impeccablement et parfumé. Comme je n’avais rien d’autre à faire, j’irais dès 17h, à l’ouverture. Je savais qu’il n’y avait jamais grand monde à cette heure-là, mais peut-être trouverais-je quelqu’un pour discuter !

Le palier était étrangement calme, mais je ne voulus pas m’attarder : je fermai ma porte à double tour, et je dévalai les escaliers aussi vite que je pus.

Sur place je revis Tony, en tenue de marin d’eau douce bedonnant. Il avait l’air hagard, comme shooté. Je supposai qu’il avait dû prendre quelque chose pour planer et que ça faisait déjà effet. Cependant, il arriva à articuler plus ou moins bien ; il avait toujours des choses à dire.

Après les formalités d’usages, Tony ouvrit le robinet à news.

-          T’es au courant de la rumeur ?

-          Quelle rumeur ?

-          Ben, le Palace va fermer ! Tout le monde le sait…

L’information bouscula tout ce que je pouvais avoir en tête à ce moment-là. C’était comme un tremblement de terre. J’avais mis trois ans à me décider à venir au GTD, et voilà que le Palace risquait de fermer.

-          Comment le sais-tu, toi ? dis-je très étonné.

-          Je le sais d’un des barmans. L’information est fiable.

-          Donc, plus de GTD ?

-          Il paraitrait que le patron du GTD serait en négociation avec la Locomotive à Pigalle. C’est une bonne boîte, ça sera super là-bas aussi. Mais ça sera plus loin du Marais.

Eh oui ! A cette époque, le Marais était non seulement notre centre de Paris, mais également, le centre de la France pour nous. Tous les trajets en métro ou taxi étaient calculés en fonction de la distance avec le quartier gay du 4ème arrondissement. On vivait tous plus ou moins près… La Loco était loin de tout, mais ça restait dans Paris, donc, c’était faisable de se délocaliser là-bas. Enfin, j’espérais surtout que ça ne se ferait pas et qu’on resterait au Palace qui était un endroit rêvé à tous points de vue.

L’information était invérifiable de toute façon, même si Tony la tenait pour fiable, on ne pouvait que l’enregistrer et attendre… Malgré le peu de lumière, je me rendis compte que les pupilles de Tony étaient dilatées ; il suait abondamment, il me faisait pitié par moment. Il me quitta sans un mot de plus, pour d’autres amis qu’il avait vus.

La soirée fut en tout point identique aux autres : excellente. Là aussi, Franck me manqua, il n’était pas là pour danser avec moi et déconner. Même si ce n’était pas si gênant de danser seul, ce fut différent…

Le véritable challenge de la semaine serait de poser un jour de congé ce lundi pour le lendemain. Je savais que ça serait dur car personne n’aime être mis au pied du mur, surtout un chef de service.

Dès mon arrivé au boulot, j’attendis que mon supérieur soit dans son bureau pour lui sauter dessus. Comme je ne voulais pas qu’il ait la sensation d’être assailli au saut du lit, j’avais ma demande en main et un café pour lui dans l’autre. Il me regarda comme si je venais de débarquer sur la planète Terre, je devais avoir l’air louche. Je déposai ma feuille et le café en le saluant. Il jeta un œil à la feuille et aux dates surtout. Je regardai ses yeux qui parcouraient les lignes, tels des robots habitués à déceler la moindre erreur. J’avais préparé un laïus au cas où il refuserait, mais il signa et enregistra dans son agenda informatique que je serais absent le lendemain, sans plus de cérémonie.

-          Le café n’était pas nécessaire, mais j’apprécie. Maintenant, au boulot, me dit-il sèchement.

J’empochai ma demande signée avec la légèreté d’une danseuse étoile. Je passerais le meilleur lundi de ma vie, content d’avoir obtenu quelque chose sans combattre… Une journée tranquille.

L’anxiété devait poindre le bout de son nez dès le retour chez moi. J’étais prêt et tout roulait comme sur des roulettes, mais est-ce que Federico l’était aussi ? Lui vivait comme si la vie était un jeu simple et facile, sans conséquences, alors que pour moi tout n’était que luttes et combats à gagner ou à perdre. J’avais envie de l’appeler mais je me retins. On verrait bien demain matin.

Je passai une nuit agitée, mais je réussis à m’endormir quand même. Dès mon réveil, je me ruai sur le téléphone pour appeler Federico.

Je composai fébrilement et maladroitement le numéro sur le cadran à touches. Je laissai sonner : enfin, ça décrocha.

-          Hum ! Si ! Hola que tal ?

-          Hola Federico, c’est Daniel ! Ça va, t’es réveillé ?

-          Salut Daniel ! Mais quelle heure est-il ?

-          8h30.

-          Mais t’es malade ? C’est trop tôt ! dit-il d’une voix comateuse.

-          Et puis, j’ai envie de te voir. Tu n’as pas oublié, j’espère.

Je retins mon souffle.

-          Ben, non ! Je t’attends. J’habite à Montparnasse, dans la tour. C’est facile à trouver, hein ? Je suis au cinquième étages. A tout de suite.

A peine avais-je raccroché que je me jetai dans la douche. J’avalai un café sur le pouce ; je pris mes affaires et me voilà parti pour l’autre bout de Paris.

J’arrivai sur les coups de 10h à Montparnasse. Je ne savais pas qu’on pouvait vivre dans cette tour, j’ai toujours cru qu’il n’y avait que des bureaux. Trouver l’entrée ne fut pas une mince affaire, mais j’y arrivai. Je vérifiai si je trouvais sa boîte aux lettres, et ce fut le cas, c’était bien à ses noms et prénoms. Je pris un des ascenseurs pour le cinquième. Je trouvai sa porte facilement, je sonnai. Federico m’ouvrit, il portait juste un slip blanc hyper moulant, il me fit signe d’entrer. Mon Dieu qu’il était beau dans cette tenue !

Il m’embrassa vigoureusement dès mon entrée, il sentait le tabac et le chaud. Je supposai donc qu’il n’avait pas encore pris de douche.

-          Tu veux un café ? Moi, j’en ai besoin d’un, maintenant.

Je le regardai se mouvoir tel un félin dans son appartement, les gestes lents, mais pesés, nonchalant, comme si sa majesté s’exprimait dans tout ce qu’il faisait. Je l’observais clairement avec les yeux de l’amour, mais s’il m’excitait, je n’étais pas amoureux de lui. J’enviais seulement son style de vie et sa personnalité, totalement à l’opposé des miens.

Il me tendit un mug de café, il s’alluma une clope, on s’installa dans le salon qui était transformé en chambre. Il partageait l’appartement avec quelqu’un d’autre, et nous étions dans son antre, là. Je devrais dire sa tanière, vu le bordel qui y régnait. Puis les chose allèrent très vite.

Si je ne rechigne pas à un câlin le matin, je ne suis pas tout le temps prêt pour du sexe, mais Federico était prêt pour n’importe quand, et dans n’importe quelle situation… Je le voyais en plein jour, et il était bien mieux que dans la pénombre du sex club. Je voyais tous les détails de son corps, il me plaisait complétement. Un beau brun au torse large et poilu.

Je me déshabillai aussi rapidement que je pus : c’est-à-dire, très vite quand même. Il quitta son slip, il bandait déjà très fort. Rien à dire, ce gars était une vraie nature. J’avais emporté mes préservatifs, mais il avait les siens : à sa taille, me dit-il. Après des préliminaires plus que succins, il voulut me prendre. J’acceptai mais j’espérais aussi la réciprocité. Il était bien plus vigoureux que samedi après-midi dernier au Banque Club. Rien à voir avec la douceur de Franck. Cependant, ses va-et-vient trop rapides, précipitèrent son excitation, il jouit au bout de quinze minutes dans un râle titanesque.

-          Putain que c’est bon de jouir le matin ! C’est trop bon de baiser, bordel !

Moi, je n’avais pas eu le temps de jouir, donc j’étais prêt pour la seconde charge et je voulais le prendre également. Mais pour l’heure, j’avais chaud. On pataugeait dans notre sueur. Federico récupéra son préservatif plein, fit un nœud pour ne pas repandre le liquide gluant et le jeta dans la poubelle. Il aéra la pièce également.

Il me proposa de prendre une douche avec lui.

-          Ne t’inquiète pas, on recommencera plus tard, mais pas tout de suite. J’ai trop chaud et j’ai besoin d’une pause, d’un café et d’une clope.

On se lava mutuellement, comme deux potes qu’on était désormais devenus. Il était même prévenant, délicat maintenant. Sur l’armoire de la salle de bain trônait un flacon de parfum que toute le monde voulait avoir (surtout les gays) : Le Mâle de Jean-Paul Gaultier. Ça venait de sortir et ça coûtait horriblement cher, dans les 500fr. Je mis enfin un nom sur le parfum que Federico utilisait ; j’en aurai aussi.

A peine sorti de la douche, il s’alluma une clope, se servit un café, me désignant mon mug et m’enjoignant de me servir.

-          Tu sais, le café c’est bon pour l’érection. J’aime avoir une queue bien dure. Bon, moi ça marche toujours, j’ai de la chance, mais on ne sait jamais, hein ? Faut trouver des petits trucs pour que ça tienne debout.

-          Ouais, t’as raison, dis-je. Surtout que c’est moi qui vais te baiser cette fois-ci, ajoutai-je l’air conquérant.

Il rit.

-           J’aime bien aussi. Je ne pratique pas souvent, mais j’aime bien ! C’est pour les « Occasions spéciales », pour les amis, quoi ! Tu feras doucement au début, je suis fragile de ce côté-là.

Je ris.

-          Ne t’inquiète pas. Je ne suis pas un acteur porno, je prends mon temps et je fais attention. On fait comme ça avec Franck aussi.

En vérité, je n’en menais pas large, parce que Federico m’impressionnait. Avec Franck tout se passait à merveille, on se connaissait bien, maintenant. Lui, c’était encore un inconnu dont j’explorais le corps, les goûts et les sens, et c’était vraiment comme un autre continent pour moi.

Puis, il m’embrassa fiévreusement. La pause était, semble-t-il, terminée. Il était prêt à remettre ça. Cette fois-ci, il prit les choses en mains : il me démarra par une longue fellation et quand je fus bien dur, m’enfila un préservatif, qu’il lubrifia avec autant de gel qu’il put en mettre. Il se mit à quatre pattes, se cambra un maximum en m’offrant sa croupe. J’étais ébahi par ce cul bien rond et ferme, et par cette vision vraiment très érotique. Je le pris doucement comme il me l’avait demandé, je le pénétrai d’un coup, sans forcer. C’était tellement irréel pour moi que j’avais l’impression de tourner dans un film porno…

Vraiment, Federico était une exception dans le lot de mes connaissances, parce que c’était un mec rêvé, de ceux qui m’échappaient toujours. Et là c’était moi qui le baisais, et chez lui en plus.

 

Didier Kalionian - le Blog Imaginaire (c) 2021

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