Comme Un Voyage Initiatique (Israël 1999) - E.11/14

On a envie d’une ambiance plus occidentale, c'est-à -dire, d’une pizza et d’une bonne bière. Le meilleur endroit est sans conteste dans la ville nouvelle et le quartier piéton. 

Le fait de sortir de la vieille ville et de son ambiance étouffante nous fait beaucoup de bien, on peut enfin respirer, souffler : on n’a plus à s’inquiéter pour notre sécurité. Malgré tout, on ne sait pas quoi faire, même si Jérusalem-Ouest offre tout ce qu’on peut rêver en matière d’ambiances, bars, clubs, restaurants, discos etc. Les Israéliens ont le culte de la bouffe, car la quantité égale la qualité, les pizzas sont non seulement énormes, mais délicieuses aussi. On passe une bonne fin de soirée... 23h, il est enfin temps d’aller se coucher, on est debout depuis 3h du matin et je ne sens plus mes jambes.

Même si je me sens bien avec lui, il faut que je parle à Éric et que je lui annonce que je rentre à Tel-Aviv pour le lendemain matin, soit vendredi. A cause du shabbat, je ne veux pas être coincé à Jérusalem jusqu’au samedi soir et risquer de rater mon avion le dimanche. Il est d’accord pour me suivre et comme il continue son voyage en direction de Haïfa et de Tibériade, ça ne le gêne pas de repasser par Tel-Aviv. En réalité, il en a un peu marre de l’ambiance orientale, il désire retrouver l’ambiance des boites de nuit et des bars, comme à Paris…

Au Tabasco, les Québécois dorment déjà. Comme précédemment, la nuit est électrique. Le muezzin et les cloches continuent de rythmer ma somnolence, je n’arrive pas à trouver le sommeil. Trop de choses dans ma tête se bousculent, trop d’images, comme un goût du bonheur que je n’avais pas l’habitude d'avoir. J’ai l’impression de vivre dans un rêve, je vis un voyage extraordinaire.

On se lève assez tôt ce vendredi matin, vers 8h. On prend notre petit dèj’ dans une boulangerie du souk, près du Tabasco. Des gâteaux et le thé arabe : délicieux… Puis, on se dirige vers le Dôme du Rocher pour faire la visite qui nous manque. Stupeur ! Nous sommes arrêtés devant l’entrée par le même gardien qui nous avait dit de revenir ce matin.

-          Impossible d’entrer dans la mosquée aujourd’hui car c’est la fin du ramadan, sauf si vous êtes musulman, dit-il en très mauvais anglais.

Les deux policiers Israéliens assis devant l’entrée s'amusent de notre déconvenue. Rien n’y fait, on ne peut pas rentrer. Là, je suis profondément énervé. Depuis notre arrivé à Jérusalem, je veux visiter le Dôme, et là j'en veux à Éric de m'avoir fait changer d’avis, et maintenant, on ne peut plus le faire. Je sais très bien que je ne pourrais pas revenir dans ce pays avant longtemps.

On décide de quitter Jérusalem pour Tel-Aviv vers midi, on a arpenté la ville dans tous les sens et ça ne sert à rien de rester davantage. Du coup, nous sommes allés boire un café au tea-room du Tabasco, rejoint par les Québécois, Janosz et l’Italien techno hippy. On explique notre histoire du Dôme et l’Italien s’exclame en français.

-          On ne doit jamais faire confiance aux arabes, ce sont les pires menteurs !

On était tous surpris qu’il parle français, surtout moi, qui avait dû dire des conneries devant lui. En revanche, sa bêtise ne nous surprend pas plus que ça, il avait l’air bête et il l’était. Je n’aime vraiment pas ce type.

On échange nos adresses avec Zoé et Geneviève. Les Québécois sont très attristés de nous quitter. J’aime bien le rituel des échanges d’adresses alors qu’on sait très bien qu’on ne se reverra jamais. Je ne les ai jamais revus. Je n’ai jamais rien reçu d’eux et je n’ai jamais rien envoyé non plus. C’est la vie, c’est comme ça. J’en garde un bon souvenir qui s’estompera avec le temps et le rendra meilleur. Je suis invité à venir visiter le Québec quand je veux et Janosz m’invite également à Prague.

Nous faisons nos sacs et nous payons nos lits. Les Québécois partent aussi mais vers le Sud, à Eilat, et eux aussi veulent éviter le shabbat qui démarre vers 15h et se termine le lendemain à la même heure. Durant ce temps, plus rien ne fonctionne dans le pays, ni taxi, ni bus, ni magasins, rien. Incroyable et infaisable chez nous… Janosz continue son voyage vers Aqaba en Jordanie. Ils partent tous avec des bus arabes localisés devant la Porte de Damas.

En sortant de la vieille ville, on voit des centaines de personnes qui se dirigent vers l’entrée de la ville, en direction de la mosquée. Tous ont leur petit tapis de prière roulé sous le bras, pour la prière du vendredi et la fin du ramadan. Je n’ai jamais vu autant de monde se diriger vers un même endroit, une vraie marée humaine. Les gens font la queue pour entrer dans la ville. Des dizaines de bus arrivent, déversant leurs passagers sur la vieille ville… La police israélienne prend l’évènement très au sérieux et détourne tous les véhicules vers des parkings prévus à cet effet.

En attendant notre bus pour la gare routière de Jérusalem, je fais des photos des participants à la prière de la fin du ramadan. Arrivés à la gare, nous prenons nos billets tout de suite car le bus nous attend.

Didier Kalionian - Le Blog Imaginaire (c) 2001 - 2019

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