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Didier K. Expérience
21 août 2020

Comme Un Voyage Initiatique (Israël 1999) - E.8/14

Voyage 1

Notre départ pour Massada est programmé pour 3h30 du matin. Ma première nuit à Jérusalem est courte, je ne peux pas fermer l’œil : trop d’adrénaline. Le calme de la nuit a succédé au bruit de la journée. J’entends l’appel du muezzin et son chant ne fait qu’augmenter l’excitation. Un quart d’heure plus tard, j’entends les cloches des églises marquer les heures.

Je suis totalement envoûté.

Nous avons droit à un réveil en douceur à 3h du matin de la part du veilleur de nuit, une sorte de hippie d’origine italienne qui vit en Israël depuis plusieurs années… Juste le temps de prendre une douche et de rejoindre le van. La traversée du souk se fait en moins de cinq minutes, tout est fermé ; ça a des allures de vieux garage abandonné. Un tonneau en fer sert de poêle à des soldats qui s’y réchauffent, et près de la Porte de Damas, le van nous attend à l’extérieur de la vielle ville.

Deux touristes japonaises sont là aussi.

Il fait nuit noire et un froid de canard. Il régne un silence total dans le van, tout le monde roupille. J’ai dû mal à garder les yeux ouverts…

Éric, Gérard, Zoé, Geneviève, les deux japonaises et moi sommes dans le van, direction la Cisjordanie. Si dehors, il fait froid, dans le van il fait une chaleur lourde due au chauffage, ce qui accentue la somnolence… Nous roulons en direction du désert de Judée et de la frontière jordanienne sur une autoroute absolument pas éclairée. On passe facilement plusieurs barrages de l’armée sur la route. Les barrages sont constitués d’un véhicule militaire et de gros blocs de béton disposés en quinconces, couronné d’un drapeau. Généralement, un soldat armé est dehors et régule la circulation tranquillement.

Nous sommes tous endormis lorsque le chauffeur s’arrête net à un barrage, ce qui nous réveille en sursaut. Nous sommes à un carrefour, le barrage est devant nous, juste un soldat avec une lampe torche qui fait signe de stopper ou d’avancer. Tant qu’il ne nous a pas fait signe nous restons à l’arrêt. Puis il fait signe avec sa lampe de venir à sa hauteur. Le chauffeur n’a pas le temps de lui montrer ses papiers, on a le feu vert, on repart tout de suite.

On est vraiment à la merci des caprices de ces soldats et ils n’ont pas l’air de plaisanter. Mais le fait de redémarrer, soulage notre chauffeur palestinien, et nous aussi. On reste éveillé jusqu'à notre arrivé sur le site de Massada. Je ne me rends compte, ni du temps passé, ni du paysage, ni de la distance, pour arriver à Massada.

 4h du matin. D’autres vans arrivent aussi… La forteresse se trouve à quatre cents mètres de hauteur. Il y a deux façons d’y aller : en téléphérique ou à pied.

Le téléphérique ne fonctionne pas à cette heure-là, il ne nous reste donc plus qu’à prendre le "Sentier du Serpent", soit une heure de marche dans le noir. Le chemin est caillouteux et très sinueux, et on n’y voit rien. Seul le guide a une lampe qu’on suit à sa luminosité, qui s’éloigne assez vite si on ne tient pas le rythme. J’ai chaud, je suis en sueur. La marche est assez éprouvante.

En arrivant au sommet, j'ai une soif terrible, et personne n’a pensé à prendre une bouteille d’eau. On ne nous a rien dit, d’ailleurs. Une telle marche à 4h du matin, je n’avais pas fait ça,depuis mon service militaire… Le site est splendide. Il ne reste pas grand-chose de la forteresse, mais on peut distinguer les restes des remparts ou les murs du palais d’Hérode. Les réservoirs d’eau sont intacts… Massada est le symbole de la résistance juive à l’envahisseur romain. Deux ans après le début du siège, la forteresse résistait toujours, aucun assiégé ne s'est rendu vivant. Ils se suicidèrent tous le jour de la prise. Cela donna également son nom à un complexe en psychiatrie : le complexe de Massada.

5h du matin, le soleil commence à se lever. On devine les silhouettes des montagnes aux alentours, le glacis de la mer morte, tel un miroir posé à même le sol. De l’autre côté de la rive, la Jordanie. De cette hauteur, on domine un paysage lunaire fantastique. Le lever du soleil est fabuleux. Je suis vraiment content d’avoir fait cet effort, ça vaut vraiment la peine. En quelques minutes, le soleil est là, éclairant le désert tout autour. Je découvre un immense canyon de couleur ocre… On en profite pour faire des photos de groupe avec Zoé, Geneviève et Éric. Gérard le Mystique a, quant à lui, disparu ! Il veut communier avec le site, le soleil et le désert. Il se la raconte un peu celui-là, il m’énerve prodigieusement avec ses silences d’intellectuel concerné. Heureusement, les autres sont plus cools. On rigole beaucoup pendant les séances de photos.

Le ciel est d'un bleu intense et le désert ocre tirant sur le beige. Jai un réel pincement au cœur en redescendant. Il y a une telle majesté dans ce paysage, je suis tombé amoureux de cette partie du monde, je me suis promis de revenir un jour. La descente fut plus rapide ,mais pas plus facile.

Didier Kalionian - Le Blog Imaginaire (c) 2001 - 2019

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