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Didier K. Expérience
22 août 2020

Comme Un Voyage Initiatique (Israël 1999) - E.9/14

 

Voyage 1

 

Jeudi 21 janvier. 6h du matin : le soleil est totalement levé. Arrivé en bas, le van est là, mais il faut attendre les deux japonaises qui n’avancent pas, deux boulets ces filles. Heureusement, elles ne prenent pas de place dans le van et on ne les entend jamais.

6h30 : la suite du programme se déroule à Ein Guédi, sur la mer morte. Nous sommes à vingt kilomètres du lieu, il fait beau et déjà chaud, un vrai plaisir. Gérard reste silencieux, alors que sa copine Geneviève nous raconte ses expériences dans son kibboutz… Enfin la plage en vue, vers 7h30.

La mer morte se situe à trois cents mètres en dessous du niveau de la mer, l’endroit le plus bas sur Terre. L’eau est tellement salée qu’aucun poisson n’y vit, aucune plante ne pousse et aucun oiseau ne peut la survoler… On ne peut pas vraiment se baigner non plus, seulement se tremper le corps et faire la planche sans se mouiller la tête et surtout pas les yeux. On flotte sans effort... Je fais de belles photos. La plage est pourvue de douches. Le sel décape la peau totalement et aucun microbe n’y résiste. De toute façon, on ne peut pas rester très longtemps, tout le monde fait ses photos, assis, allongé ou sur le ventre, dans toutes les positions… On prend la douche tous ensemble, Geneviève est choquée de nous voir nus, Éric et moi. Nous ne sommes absolument pas gênés, et puis les Français ont une réputation a défendre. Le fait de nous changer et de nous laver ensemble nous permet aussi de le faire rapidement. Les Japonaises ne se lavent pas.

Nous avons une discussion passionnée sur la pudibonderie que Gérard évite le plus possible... Comme il est encore tôt, on a tous envie d’un café. Il y a un bar sur le parking de la plage, avec des tables de pique-nique en bois et des parasols, ce qui accentue l’image artificielle de plage de vacances… Pour des raisons qu’on ne connait pas, le van n’est plus là. On prend un agréable petit déjeuné, même si le café est douteux et les faux croissants caoutchouteux, mais nous avons tous très faim après la grimpette et la baignade. C'est plaisant quand même… Un véhicule militaire est stationné sur le parking, des soldats surveillent sans stress, affalés sur leur siège. Enfin, le van arrive et nous embarque pour une visite du parc naturel de Ein Guédi, à quelques kilomètres de la plage. La petite surprise désagréable, cette visite est payante, il faut refaire de la grimpette sur les collines et il commence à faire chaud. Les deux Japonaises décident d’y aller, mais pas nous. Le van reste au parking. Il ne nous reste plus qu’à aller faire un tour pendant une heure. Nous allons tous sur le bord de plage pour continuer la discussion et faire de la bronzette.

Il fallut attendre les deux japonaises bien plus longtemps, notre chauffeur s’impatiente et nous aussi. Nous sommes levés depuis 3h du matin et ce break d’une heure trente nous a plus cassés que reposés. Enfin, elles reviennent exténuées de leur marche, mais ravies de leur visite. Maintenant, on peut partir pour Jéricho. Le soleil est toujours là, il fait bon et je me sens bien. Nous roulons vers la ville autonome de Jéricho en Cisjordanie, j’en ai la chair de poule, l’idée de voir la capitale administrative de la Palestine me plait énormément.

On remonte vers le nord de la Cisjordanie en longeant la côte. En arrivant à l’entrée de la ville, on peut voir un camp de toiles de l’armée israélienne regroupé en carré. Ma première impression est la surprise : mais où est donc la ville ? Des maisons aux toits en tôle, une route goudronnée, mais plein de sable. Cela ressemble plus à un gros bourg qu’à une ville. Il est proche de midi et il n’y a personne dans les rues. On descend du van pour prendre des photos, mais le paysage ne m’inspire pas vraiment, pas très beau. La seule chose incroyable à voir à Jéricho, c'est le casino. Un énorme bâtiment de style « Las Vegas des Mille et Une Nuit », entouré d’un trottoir et d’une rue, le tout en plein désert… Voilà la nouvelle économie Palestinienne , un peu comme celle des Amérindiens ! Le casino est réservé aux Israéliens en premier et aux touristes, interdit aux musulmans.

Finalement, on reprend le van, direction un petit restaurant palestinien. Très sympathique. Nous sommes bien accueillis par les locaux, mais ce n'est pas le super enthousiasme. Il y a même mon plat favori, des falafels avec des frites et du chou rouge, arrosé d’un excellent coca. Ce n’est pas le repas de Noel, mais je suis content de participer à l’économie palestinienne, ça sera ma modeste contribution. On mange tous ensemble. Au fond du restaurant, un portrait géant de Yasser Arafat peint, surplombant le Dôme du Rocher, entourés par des drapeaux palestiniens. Nous sommes en terrasse sous les palmiers, quand on nous sert le café…  Cette fois-ci, je n’ai pas l’impression d’être qu’un simple touriste, je participe au processus de création de l’Etat palestinien. Je suis un petit aventurier sans prétention, mais mon désir de les aider est très fort. J’ai l’impression d’être le seul à avoir ce sentiment, les autres sont plutôt méfiants et ne font pas confiances aux Arabes. Le fait de ne plus voir de soldats israéliens augmente cette sensation.

 Ils sont tous pressés de remonter dans le van et de rentrer en Israël. J’essaie de les rassurer, on est en parfaite sécurité, mais il n’y a rien à faire : ils sont contents de partager et de vivre une expérience, mais ils ne vont pas finir leur vie ici. Le chauffeur arrive et nous explique qu’on ira faire un tour dans le désert en van et non à pied, qu’on fera une halte pour prendre des photos, puis on rentrera à Jérusalem… Le désert de Judée est un grand canyon de boue séchée avec des creux, des plateaux et des falaises d’où ruissèlent des petites cascades. Grâce à cette eau providentielle, une coulée de verdure longe la chute et il n’est pas rare de voir des monastères accrochés aux falaises. On fait de magnifiques photos. On en profite pour faire une autre série de photos de groupe avec Gérard en plus. Un peu plus loin, on voit l’incroyable spectacle de centaines de moutons avançant tranquillement. On est tous surpris car le désert est sec comme un coup de trique, rien à manger. Alors de quoi se nourissent-ils ?

Cette fois, on reprend le van pour Jérusalem, le tour est terminé. Il doit être 13h30 quand on arrive en ville, de Jéricho à Jérusalem, il n’y a vraiment pas beaucoup de distance. D’ailleurs, je commence à sérieusement comprendre le problème Israélo-palestinien : il n’y a pas assez de place pour tout le monde, ce pays est trop petit pour ces deux peuples

 

 

Didier Kalionan - Le Blog Imaginaire (c) 2001 - 2019

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