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Didier K. Expérience
15 janvier 2023

Entretien Sans Freins (Une vraie fausse interview de Jake E. Lee) 15/20

  

Jake E

« Jake E. Lee’s Red Dragon Cartel » a obtenu d’élogieuses critiques partout dans le monde, ce qui renforcera l’idée qu’il était temps pour Jake E. Lee de remonter un groupe digne de ce nom… 124 concerts furent organisés pour la tournée mondiale, dont un en France en 2014, au Forum de Vauréal près de Cergy-Pontoise, concert auquel je n’avais pas pu assister.

D’ailleurs, il me pose discrètement la question, dès fois que j’aurais réussi l’exploit de l’avoir vu comme pour Badlands.

-          Tu étais aussi au concert qu’on a donné en France lors de la tournée européenne ? me demande-t-il, narquois.

-          Non, pas cette fois-ci.

Je reste évasif, je ne veux pas lui dire que je n’étais même pas au courant que Red Dragon Cartel donnait un concert en France à cette époque. La publicité concernant cet évènement avait été plus que succincte, malgré une salle pleine à craquer de fans.

-          Tu vois, c’était en 2014, je crois. On a joué ici, dans votre pays, et on a donné des interviews. C’était une vraie promo, pas comme cette-fois-ci où il n’y a que toi et moi. Tu ne filmes même pas pour You Tube ? C’est rare de nos jours de n’avoir pas d’interviews filmées.

-          Tu auras sûrement la réponse en posant la question ce soir aux gens de Frontiers, puisque tu les vois. Quant à l’enregistrement vidéo, ben non, je ne filme pas, parce que c’est moins pratique pour faire la retranscription audio.

Jake ne relève pas, il se contente de me regarder en faisant une moue qui révèle qu’il ne peut pas tout contrôler dans le monde du show business.

Il reprend la flasque de whisky et en boit directement une gorgée au goulot.

-          Autre chose ? me dit-il.

-          Vous avez débuté la tournée par le Japon. La setlist était composée pour moitié de titres de la période d’Ozzy Osbourne.

-          Ouais mec ! C’était un peu mon cadeau pour tout le soutien que le public japonais me donnait depuis des années. J’ai réduit drastiquement ensuite… Durant la tournée US, je ne jouais plus que « Bark At The Moon », « Shot In The Dark » et « The Ultimate Sin ». Parfois, un titre en plus pour remercier le public qui réclame toujours ces chansons, mais c’est tout. Et puis, c’était pratique pour étoffer la setlist : quelques titres d’Ozzy d’autres de Badlands et puis les miens au final.

-          Ron Mancuso a quitté le groupe pendant la tournée, pourquoi ?

-          Ron n’avait plus envie de tourner, il a préféré se consacrer à son autre passion, la production… Voilà, bonne chance, Ron ! lance-t-il.

-          Puis Greg Chaisson, qui avait joué avec toi dans Badlands est arrivé pour le remplacer.

-          Greg est un de mes meilleurs amis et c’est un formidable musicien. Il fut parfait pendant la tournée. Malheureusement, il n’a pas pu rester dans le groupe, un cancer lui a été diagnostiqué…

Jake marque une pause. Manifestement, les mauvaises nouvelles se sont enchainées durant sa carrière, s’il a une croix autour du cou, il en porte une autre invisible, comme une sorte de malédiction qui le poursuivrait inexorablement… Greg Chaisson irait toujours bien en 2019, malgré sa maladie : il est devenu coach sportif dans sa ville de résidence. Il participe de temps en temps à la vie d’un groupe musical, mais ne tourne plus du tout.

-          Et finalement, tu as embauché Anthony Esposito (ex Ace Frehley) à la basse.

-          Une des meilleures choses que j’ai pu faire ces derniers temps. Anthony n’est pas seulement bassiste, il est aussi producteur comme Ron Mancuso. A croire que je ne recrute que des bassistes-producteurs…

Il rit sous cape.

-          C’est un excellent compositeur aussi. Il est capable de me dire objectivement si le solo de tel titre est bon ou s’il faut encore le travailler. Il ne me vénère pas parce que je suis Jake E. Lee, et je n’ai pas besoin de ça non plus : mon ego va bien, merci ! Mes musiciens sont tous des amis, mais je veille aussi à ce qu’ils soient tous des musiciens accomplis et d’excellents techniciens, et à ce qu’ils se donnent toujours à fond pour le groupe, c’est important… Anthony possède aussi son propre studio d’enregistrement, ce qui facilite les choses car on peut travailler autant qu’on veut sans se soucier du tarif horaire. Et puis, cerise sur le gâteau, son fils Tyler est ingénieur du son et travaille pour le studio d’Anthony. Tu vois, on ne peut pas faire mieux !

-          J’ai lu quelque part que lorsque tu avais rencontré Ron Mancuso, tu avais des dizaines de disques durs remplis de musiques.

-          Tu en es sûr ? Je n’étais pas plutôt en train de fumer du crack dans un caniveau ?

Jake rit de nouveau. Manifestement, les mauvaises rumeurs ne le gênent pas, mais l’agacent un peu, quand même.

-          Tu vois, durant tout ce temps où j’avais disparu des radars, c’était pour composer de la musique chez moi, tout seul, avec mon ordinateur. Quand j’ai rencontré Ron et Kevin Churko, effectivement, j’avais des tonnes de choses à faire écouter. Selon eux, il était temps que ça sorte, que je revienne vers la lumière, que je m’expose au monde !

-          Frontiers a mis le paquet pour la promotion de ce premier album, étant donné la tournée qu’ils ont mis en place. Depuis quand n’avais-tu pas tourné comme ça ?

-          Depuis très longtemps, c’est sûr. On a fait une grosse tournée mondiale, y compris en Europe, où je n’avais pas joué depuis l’époque d’Ozzy Osbourne. Et encore, pour « The Ultimate Sin Tour ‘86 » on n’avait joué que dans les îles britanniques. Donc, je n’étais pas venu à Paris depuis 1984, soit il y a trente-cinq ans. C’est-à-dire, une paye, mec !... Tu crois que j’avais manqué à quelqu’un ?

-          Le concert de Vauréal était plein, en tout cas, même si c’était une petite salle, c’était plein comme un œuf. Je n’ai pas pu y venir, mais tes fans étaient là. Il fallait faire le lien entre Red Dragon Cartel et ton nom pour savoir que c’était ton groupe, mais cet album fut une réelle bonne surprise. On t’attendait un peu comme le messie, on n’y croyait plus, finis-je en riant.

-          C’est vrai que je suis resté trop longtemps en retrait, mais c’était nécessaire. Si je ne l’avais pas fait, je n’aurais jamais pu produire la musique que vous entendez aujourd’hui. En règle générale, je n’aime pas être dans les projecteurs ni dans les médias, et quand je n’ai rien à dire, ben je ne dis rien… Et je n’avais rien de spécial à dire pendant tout ce temps.

Jake marque une pause dans son discours, il réfléchit.

-          J’ai été vraiment surpris de voir qu’il y avait toujours des fans qui appréciaient ma musique : comme au Japon, en France, aux États-Unis, en Amérique du Sud, partout dans le monde, quoi ! Franchement, ça m’a fait plaisir, cet engouement pour mon nouveau projet… Maintenant, ça s’est fait sous certaines conditions. Hors de question de revivre la folie de l’époque d’Ozzy Osbourne, ou de supporter les pressions de l’époque de Badlands. La pression qu’on subit aujourd’hui est normale, on joue, on fait la promo, on voyage, mais je ne ferais pas quarante concerts en quarante jours, et je ne visiterais jamais trente-sept pays en deux semaines. Plus possible de faire ça. Je ne cours pas après l’argent ni après la notoriété, je n’ai besoin ni de l’un ni de l’autre.

-          Pourtant aux États-Unis, les concerts se sont enchainés les uns derrières les autres, non ?

-          Oui mais le pays s’y prête. Je ne joue encore que dans des clubs voire des bars, pas de stades. On peut rouler cinq cents kilomètres en van entre chaque étape, ce n’est pas un problème. Il y a plus de petites villes que de grandes et elles sont aussi plus proches. C’est plus compliqué en Europe parce que vous avez des frontières entre chaque état et qu’en tant que citoyen américain, je dois passer à la douane, ça prend du temps, c’est chiant. Mais ça me fait plaisir de voir cette diversité de cultures quand je passe d’un pays à un autre.

-          Comment se fait-il que vous ne fassiez pas plus de premières parties de groupes connus ?

-          Il fallait qu’on se fasse connaitre, qu’on rode le groupe : je pense que ça viendra avec le temps. Je n’ai pas de plan de conquête du monde non plus, je joue comme j’en ai envie.

Dehors, la lumière décline, la nuit va bientôt tomber, mais on a encore du temps avant que les gars de Frontiers et de PIAS prennent la relève. J’aimerais bien continuer à suivre Jake dans Paris, mais on approche du dénouement, je verrai bien comment ça finira.

-          Peut-être que tu n’as pas de plan de conquête, mais Frontiers en a sûrement pour toi, puisque vous faites de la promo, et des clips qui sont fort réussis, comme celui de « Shout It Out », très direct, avec le groupe live sur scène. Ou celui de « Decieved » qui est très percutant également.

-          Merci, mec ! Le fait que Frontiers soit un label européen y contribue sûrement… je ne sais pas… Ils ont une mentalité différente de celle des Américains, ça c’est sûr. Le patron est italien et c’est un passionné de musique, de heavy metal et de hard rock, mais il aime sincèrement ce qu’il fait. Moi, j’aime qu’on soit efficace en tout. Et là, j’ai de l’efficacité et de la passion. Ils font ce qui doit être fait en tenant compte de mon avis, je ne suis pas qu’une référence sur un catalogue. De mon côté, le groupe fait tout pour réussir, c’est donnant-donnant ! Mais avec Anthony, Darren ou Phil (Varone, qui a remplacé Jonas Fairley sur le second album) on est toujours à fond… Les clips de « Shout It Out » et de « Decieved » sont plutôt sympas, je suis d’accord avec toi.

-          On sent une certaine continuité avec Badlands, et plus du tout avec Ozzy, c’est voulu ?

Il rit.

-          Oui, bien sûr que c’est voulu ! Avec Ozzy, je ne décidais de rien et mon avis comptait pour des prunes. Avec Badlands ou avec Red Dragon Cartel, je suis mon propre boss, mais j’écoute les autres aussi. L’avis d’Anthony est important parce qu’il produit tout ce qu’on fait, mais Phil et Darren ont leur part. Frontiers a investi dans le groupe, on a un budget et on fait tout ce qu’il faut pour que ça marche. Ensuite, je ne peux pas obliger les gens à venir à nos concerts et à acheter nos disques !

-          Pourquoi Jonas Fairley a-t-il quitté le groupe ? Tout allait bien avec lui me semble-t-il ?

-          Entre la sortie du premier album et celle du second, il s’est écoulé quasiment quatre ans, je ne pouvais pas entretenir un groupe à disposition, voilà tout. Jonas n’était plus libre lors de l’enregistrement du second…

Je crois qu’il faudra que je me contente de cette réponse : ça sent un peu trop l’évidence, mais je ne peux pas douter de tout ce qui ne me conviendrait pas non plus. Jonas Fairley était un bon batteur mais il a été très bien remplacé…

 

Didier Kalionian - le Blog Imaginaire (c) 2020

Credit photo : Charvel Guitar US (c) 2020

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