Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Didier K. Expérience
8 janvier 2021

Les Paradis Périphériques E.5/34

Paradis Périphériques

Effectivement, le lendemain après-midi, Ibrahim était déjà sur le quai quand je suis arrivé. Ça me fit tout drôle de le voir en plein jour. Je lui serrais la main malgré une furieuse envie de l’embrasser. Comme on avait raté le bus 147, je lui proposai de faire la route à pied.

Sur le chemin, il fut charmant et plus disert qu’au sauna. Je découvrais sa voix qu’il avait plutôt haut perchée, ça m’amusait et me surprenait, il faisait encore jeune garçon. Il marchait les mains dans les poches, le manteau ouvert, une écharpe en laine autour du cou. Il avait l’air d’un étudiant qui s’habille chez Columbia Sportswear. Pourtant, il n’était pas sportif du tout, me raconta-t-il.

Au bout des vingt minutes de marche, on arriva chez moi. J’habitais au rez-de-chaussée d’un petit immeuble de deux étages près de l’A3.

A peine la porte d’entrée de mon petit studio, refermée, je l’embrassai goulument sur la bouche, je ne tenais plus. Il rit de mon empressement. Il préféra calmer mes ardeurs tout de suite en me demandant si je n’avais pas quelque chose à boire. Bien sûr, je me dépêchai de lui servir un coca et l’invitai à s’assoir sur le canapé. Il remarqua tout de suite que je n’avais pas la télévision. A cette époque, ça choquait tellement mes invités, que je préférais raconter un bobard que de dire la vérité, que je n’en voulais pas. Je n’avais pas encore eu le temps d’en acheter une, était ma raison officielle. J’avais mille questions à lui poser :

-          Alors ! Comment se fait-il que tu t’appelles Ibrahim ?

-          Le secret, c’est que ma mère est anglaise, c’est mon père qui est libanais. Ils sont séparés, mais moi, j’ai vécu avec mon père à Beyrouth. Ma mère, elle, vit à Londres, je la vois de temps en temps.

-          Tu préfères vivre à Beyrouth qu’à Londres ?

-          Oui, je n’aime pas la famille de ma mère. Puis, le climat est horrible là-bas. Mon père vit en ce moment à Paris avec sa nouvelle femme qui est française, mais elle, elle ne m’aime pas. Je ne m’entends pas du tout avec elle.

-          Ah ! fis-je sur un ton d’une naïveté terrifiante.

Je me risquai sur une question plus personnelle.

-          Ton père est musulman ?

-          Oui, moi aussi.

-          Tu n’es pas maronite, alors ?

-          Non ! Cela pose-t-il un problème ?

-          Non, pas du tout, C’est la première fois que je rencontre un libanais musulman. Et que j’ai une aventure avec un arabe, d’ailleurs.

-          Tu sais au Liban, les chrétiens côtoient autant les musulmans.

-          Tant mieux pour nous, alors, dis-je content de le savoir.

Je me rapprochai de lui, on s’embrassa encore. Je lui avalai la bouche et la langue et il fit de même. On avait assez parlé pour le moment. On se déshabilla aussi vite qu’on put, on s’allongea sur le canapé, côte à côte. Comme il n’était pas encore configuré en lit, on manquait de place, mais ça n’avait pas d’importance étant donné l’état d’excitation dans lequel on se trouvait. Sachant que les rez-de-chaussées ne sont pas réputés pour leur confort en hiver, j’avais mis le chauffage assez fort pour qu’on puisse rester nu.

J’adorais sa peau d’une blancheur incroyable, presque laiteuse, totalement imberbe. Tout comme son sexe long et droit comme un i, surmonté d’un beau gland rose, circoncis. Il s’amusa avec mon prépuce, ça lui plaisait beaucoup. Je n’étais pourtant pas le premier garçon non circoncis avec qui il couchait, mais ce bout de peau l’excitait. Je le laissais jouer, c’était aussi très séduisant de l’observer.

Pour quelqu’un qui ne faisait jamais de sport, il avait un corps sculpté sec avec des abdos apparents qui m’impressionnaient. Il m’avoua qu’il courait de temps en temps quand même, alors que moi qui faisais régulièrement du jogging et de la natation, et le résultat ne me satisfaisait pas vraiment… Ce métissage anglo-libanais était une réussite, je n’avais jamais vu de mélange aussi beau. En fait, je devais me faire ces remarques parce qu’il était à moitié arabe, que le racisme était encore très fort à cette époque, et que fatalement, ça m’imprégnait malgré moi. J’avais vingt-cinq ans et je découvrais que j’avais encore beaucoup de chose à découvrir. Je n’aurais jamais imaginé non plus que ce prénom, « Ibrahim », puisse être synonyme de plaisir, de beauté et de joie. Parfois, des mots peuvent changer de résonnance quand on les prononce différemment. J’avais envie d’aimer cet Ibrahim-là.

On passa notre après-midi à baiser. Ensuite, on resta enroulé dans un duvet sur le canapé, et l’on discuta pour se connaitre un peu... Il était étudiant en ingénierie informatique, ses études lui prenaient tout son temps. Il les avait commencées à Beyrouth, mais l’instabilité chronique du Liban, comme celle de son père, l’avaient fait partir pour la France. Il adulait la musique classique et les opéras ; ce fut un mauvais point pour moi et pour nous. Cependant, il ne détestait pas la variété internationale et française que j’aimais. Sa timidité me plaisait beaucoup. D’ailleurs, plus on parlait, plus il prenait de l’aisance, et parfois, ses réponses me surprenaient. Il avait des idées bien arrêtées sur plein de choses. De temps à autre, lorsqu’on n’était pas d’accord, il gloussait.

On n’allait pas rester sur le canapé jusqu’à la nuit, je lui proposai de sortir boire un verre dans mon quartier : ce qu’il refusa, prétextant qu’on serait bien mieux au chaud à la maison. J’étais surpris mais j’acquiesçais. Après tout, ce qui m’intéressait c’était d’être avec lui. Alors, je lui proposai de faire des spaghettis, et l’idée lui plut de suite. Avant, on se fit une petite séance de nettoyage dans la douche qui m’excita rapidement. J’adorais son corps, mais là, je me contentais de regarder, nous en avions assez fait comme ça pour le moment.

Je lui proposai une bière, mais il ne buvait pas d’alcool et comme je m’en doutais, ne mangeait pas de porc non plus. Il ne pratiquait pas, ne se sentait pas plus croyant que ça, cependant il tenait à respecter ces deux choses. Moi, j’étais d’accord pour m’en passer ce soir-là. Donc, ce fut une pasta party avec du jus d’orange : simple, copieux et sympa… Durant, le repas, il n’arrêta pas de parler. Sa timidité s’était envolée je ne sais où ! Et moi qui suis plutôt bavard, je n’arrivais plus à en placer une. Je me sentais envahi par son flot de paroles, je ne savais pas encore s’il fallait s’en réjouir ou s’en méfier. Pour le moment, j’étais satisfait qu’il se sente bien avec moi. Il me plaisait tellement que j’étais prêt à tous les sacrifices pour le garder.

Il était un peu déçu qu’il n’y ait pas de télévision, mais on n’allait pas passer notre samedi soir à regarder des émissions, ça aussi, ça me surprenait… Il me parla de ces études, de son ambition d’obtenir un très bon poste, encore et encore.

On fit la vaisselle ensemble, ce qui m’amusa beaucoup car je n’avais encore jamais partagé ce genre de chose. Ça me plut énormément, c’était comme une vie de couple en miniature. Pendant qu’il essuyait, il continuait à me parler des opportunités de travail qui s’offriraient à lui dès qu’il obtiendrait son diplôme. Je supportais son flot, mais je commençais à lâcher prise. Alors, je l’embrassai par intermittence pour le faire taire sans le lui dire. L’astuce fonctionna très bien. Au bout d’un moment, il s’en aperçut mais ne s’en offusqua pas.

-          Tu sais, dit-il. Il faut que tu changes de travail. Tu mérites mieux que de porter des caisses toute la journée.

-          Oui, sûrement ! Mais ça ne me gêne pas. Il y a une bonne ambiance et je suis en permanence connecté au monde de la musique, du rock, du métal, de la variété, etc...

-          Tout ça n’a pas d’intérêt. Reprends tes études, passe ton BAC, et tu auras un meilleur salaire.

-          Ok ! J’y réfléchirai, c’est promis, répondis-je un peu saoulé. Qu’aimerais-tu faire maintenant ?

-          Il n’est pas très tard, mais on peut revenir au lit, si tu veux !

On sortait du lit et on allait s’y remettre. Là, sa litanie sur le travail reprit de plus belle et ça devenait franchement désagréable. C’est le problème avec les informaticiens, ils sont certains de tout comprendre et d’avoir tout le temps raison. Arrgh ! Alors, comme pendant la vaisselle, j’entrepris de l’embrasser et il cessa de parler pour se consacrer à ce jeu. On joua tous les deux, on n’allait pas tarder à baiser de nouveau. Ce fut le cas. Ce fut moins intense que la séance de l’après-midi, mais suffisamment pour qu’on s’endorme, lovés l’un contre l’autre. J’adore cette position, on ressent bien le corps de son partenaire.

J’étais aux anges. Je vivais un rêve et même du paradis. Moi aussi, j’avais le droit d’avoir ma petite part de bonheur.

 

Didier Kalionian - le Blog Imaginaire (c) 2021

(Si cette histoire vous a plu, n’oubliez pas de liker. Merci. Retrouvez la communauté des lecteurs sur Facebook, DKalionian BlogImaginaire)

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Didier K. Expérience
Publicité
Archives
Newsletter
12 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 21 590
Publicité