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Didier K. Expérience
6 février 2019

Némésis - E.6/35

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Mes craintes étaient fondées : le concert dure une éternité. Romain est totalement captivé par la performance, il m’a complétement oubliée. On partage un joint qui sera notre seul lien pendant ces deux heures. C’est tout juste s’il remarquera mon absence lors de mon passage aux toilettes. Mais, pour mon Cheval Fou, je fais contre mauvaise fortune, bon cœur.

Vers les 3h du matin, le concert se termine, les DJ se mettent en place, une partie du public quitte la boite ou se replie vers le bar, qui est pris d’assaut. Le fameux Chauve-Pourri réapparait avec des bières : il est le bienvenu, je meurs de soif. J’ai hâte de me déhancher sur la piste avec mon Cheval Fou. Cependant ce n’est pas gagné, ce soir, il est en train de se transformer en Cheval Relou !

-          Excuse-moi Eileen ! J’ai une ou deux choses à voir avec Chauve-Pourri, puis je suis à toi.

Et puisque je suis venue avec un mec, personne n’ose venir danser avec moi, cette situation commence à m’énerver un peu. Nocturna et sa copine me rejoignent sur la piste et m’entourent amicalement. Là, je me dis que tout le monde va me prendre pour une lesbienne, maintenant : c’est le bouquet !

Au bout d’une bonne heure tout de même, Cheval Fou revient tout guilleret. Je remarque qu’il a les pupilles dilatées. Il a envie de danser toute la nuit et me promet une nuit d’amour comme jamais je n’en ai eue.

Effectivement, il se déchaine sur la piste : on s’éclate comme des fous. Je ne sais pas ce qu’il a pris mais ça le stimule bien. Moi, j’aime danser, et c’est l’entrainement qui me fait tenir, mais j’avoue qu’au bout d’une heure, je n’en peux plus. Le DJ nous passe une version remixée et très longue du « Temple Of Love » des Sisters Of Mercy, qui nous achève. A ce moment-là, je me sens vraiment bien dans ma peau : je flotte parmi les vivants et les autres danseurs, les spotlights distillent une lumière crue et aveuglante, et aussitôt, j’ai le sentiment d’avoir retrouvé le paradis perdu. J’adore ces moments où je suis heureuse et où je partage cet enchantement avec la Terre entière.

Romain me propose de rentrer chez lui : il ne pouvait pas me faire meilleure proposition. A cet instant précis, j’ai une de ces envies de faire l’amour, c’est terrifiant.

On rentre en taxi des Halles à Vincennes : il paie la course. Les cahots de la voiture l’ont un peu assommé... Il est incapable de faire le code d’accès de la porte d’entrée : il m’en confie la numérotation. Il ne tient plus debout mais m’assure qu’il me fera jouir dans quelques minutes… Là aussi, c’est moi qui déverrouille la porte de chez lui : je le soutiens. On entre dans l’appartement avec difficulté mais ça passe, puis on se jette sur le lit. On se déshabille en quelques longues minutes, j’ai le temps de préparer un préservatif, que j’ai du mal à lui enfiler tellement il tremble, mais on y arrive. Puis, Jésus se transforme en Tarzan, et c’est tant mieux.

Il est près de 14h quand j’ouvre un œil ce dimanche. Cheval Fou ronfle comme un tracteur (ou comme un cheval vapeur) : je le regarde dormir, je suis heureuse d’être là.

Je me lève discrètement pour aller pisser, je tire la chasse le plus délicatement du monde pour ne pas le réveiller.

Cet appartement est magnifique. Toutes les pièces sont spacieuses, décorées avec goût, le mobilier est ultra moderne. Mis à part les ronflements de Romain, que je n’entends quasiment plus dans les autres pièces, il règne un calme et un silence absolu : pas un bruit dans l’immeuble non plus. J’ai l’impression de vivre dans un rêve, que je vais me réveiller bientôt, tout est trop parfait, je n’en ai pas l’habitude.

Puis, je me déplace vers la cuisine sur la pointe des pieds, j’ouvre la fenêtre et j’allume une clope. La première de la journée est toujours spéciale : je la savoure complètement. J’apprécie vraiment de la fumer seule… Je regarde dehors, pas un chat, seulement les joggers qui courent en lisière du Bois de Vincennes. C’est la rue la plus paisible que je connaisse en région parisienne.

Je repense à la soirée et malgré un bilan plus que positif, je ne peux pas m’empêcher d’essayer de comprendre pourquoi Romain prend du speed. C’est soit de la cocaïne, soit une autre drogue du même genre : ça ne me gêne pas, je m’en fous même, c’est juste que je suis surprise venant de la part d’un mec aussi sportif et sain… Il est sûrement plus fragile qu’il n’en a l’air, en déduis-je.

J’aime les hommes fragiles. Sauf que celui-là ressemblerait à Conan le barbare qui aurait un cœur d’artichaut : ça ne colle pas.

Il faut que je me calme ; je sens que je tombe amoureuse de Romain, et il me semble bien qu’il ne m’a rien promis… Je laisse vagabonder mon esprit en regardant par la fenêtre : ma clope est terminée, je referme… Je branche la cafetière et je fais couler le café. Je pense qu’on va en avoir besoin de beaucoup, aujourd’hui.

Je retourne dans la chambre, Romain dort à poings fermés : il a bien travaillé cette nuit, même si ça n’a pas duré aussi longtemps qu’il me l’avait promis. J’ai quand même pris mon pied, on s’est bien éclaté. Il mérite le repos du guerrier.

Je m’habille doucement, je préfère rentrer que d’attendre qu’il se réveille, je l’appellerai dans la soirée. Je laisse la cafetière sur On, comme ça il aura du café chaud à son réveil.

Didier Kalionian - Le Blog Imaginaire (c) 2018

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