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Didier K. Expérience
16 août 2020

Comme Un Voyage Initiatique (Israël 1999) - E.3/14

 

Voyage 1

Mardi 19 janvier, 09h30, Rowyna est sûrement déjà loin… Je prends une douche rapidement, puis je m’habille tranquillement. Je jette un œil par la fenêtre, il fait beau, le ciel est bleu, pas un nuage, la plage et la mer me tentent terriblement. Ma première mission sera de trouver un endroit sympa pour prendre le petit déjeuner. Je suis seul dans la chambre, mes colocataires ne sont pas rentrés de la nuit.

Je descends pour me rendre à la réception et discuter deux minutes avec "le jeune gars blond" qui m’a accueilli la veille, je voulais avoir des renseignements sur la ville. “ Shalom ” dis-je avec un sourire touristique : facile, c’est le seul mot hébreu que je connais. Puis j’embraye en anglais et je commence enfin à me dérouiller. Le gars m’annonce qu’une fille m’a laissé un message sur le tableau.

Rowyna m’avait attendue jusqu’à 08h, puis elle avait filé.

 ” Nice to have met you Didier, hope you enjoy Israël and visit the places you dream of”

Je suis un peu ému et content à la fois. Je sors du Gordon, direction la plage et les divers bars pour boire un thé, une belle journée commence : 20°C... Mon appareil photo va travailler, mes jambes et mes pieds aussi, je le sens bien. Après avoir pris mon petit dèj’, j’ai eu une violente envie d’aller au WC, comme une sorte de tourista. Ce petit problème m’empoisonnera pendant toute la durée du séjour.

Tel-Aviv est une ville d’un million d’habitants, c’est la plus grosse ville du pays et la plus cosmopolite : ici, ce n’est pas encore le Moyen-Orient. Les centres commerciaux se suivent et se ressemblent comme en Occident, les sex-shops, les tatoueurs, les pierceurs, les bars gays et les night-clubs, ont pignons sur rue et se trouvent tous sur l’artère principale : l’avenue Allenby, qui tient son nom du général Anglais qui pris la Palestine aux Turcs ottomans en 1917 durant la Première Guerre Mondiale… Toutes les boutiques de modes sont là aussi, ainsi que les restaurants casher, les Mac Donald’s casher et les synagogues en vrai béton Bouygues …

En fait, cette ville n’est pas très intéressante pour un voyageur occidental, mais j’ai envie de m’y perdre, de marcher sans me soucier de la direction… Je tombe sur le marché yéménite, qui d’après les Israéliens, est très typique : mais pas pour moi. C'est juste une sorte de marché aux puces avec de l’alimentaire oriental, rien de plus… Un groupe de jeunes rabbins proposent leurs services pour aider les clients à faire leur prière - j’en fis de belles photos - mais pour le moment, je suis déçu de ma visite, rien d’exceptionnel.

Je marche en direction de Jaffa, le port et la ville Arabe. Il y a cinquante ans Tel-Aviv était un bourg dans la banlieue de Jaffa, et aujourd’hui, c’est le contraire. Je me dirige vers le musée de Jaffa où j’apprends que la ville a été assiégée et la population massacrée par les Français en 1799. Le grand Napoléon est passé par là et deux cents ans après, on s’en souvient encore.

Je fais de belles photos du front de mer et des vues de Tel-Aviv, depuis les terrasses de Jaffa.

Vers 13h, j’essaie de trouver un petit restaurant pas cher : heureusement, ce ne sont pas les bouis-bouis qui manquent. Un falafel avec une salade d’aubergine, c’est cool et c’est copieux.

J’apprends de nouveaux mots en hébreu « toda arba – merci beaucoup » … Pendant que je déguste mon sandwich, un groupe de jeunes soldats, (garçons et filles, pas plus de dix-sept ans) arrive et commence à inspecter le port. Il fait beau, je me sens particulièrement tranquille, mais la vue de ces jeunes soldats me contrarie un peu. Je pense à toutes ces histoires d’attentats. Pourtant, tout semble cool et sous contrôle. Je prends l’habitude de rechercher leur présence et dès que je les vois, je me sens mieux. C’est une drôle d’attitude, il ne se passe rien de spécial, mais le fait de voir des militaires partout me rassure. D'ailleurs, quand je ne les vois pas, je les cherche. Comme si la tension était créée artificiellement, ce que le gouvernement israélien recherche sûrement, en fin de compte.

Je demande à la serveuse ce qui se passe, mais elle ne me répond pas. Tout le long du port je croise ces patrouilles de soldats-gamins que je n’ose pas prendre en photos : tant pis.

Je continue ma visite en me baladant vers des ateliers ou des entrepôts de marchés, je ne sais pas ce que c’est. Il y a une sorte de minaret planté là tout seul, sans bâtiment autour, au bord de la rue. En consultant mon guide, j’apprends que c’est une horloge offerte par la population locale au sultan Abdülhamid II, au début du vingtième siècle pour son anniversaire. Elle ne fonctionne plus depuis longtemps et  tout le monde s’en moque. Les Ottomans ont laissé pas mal de souvenir, mais partout, les restes de l’ancienne occupation disparaissent au profit d'une américanisation du pays qui a presque tout effacé… Je fais des photos de la mosquée et des rues. Du côté de Jaffa la plage est en travaux de réaménagement, on peut presque deviner l’emplacement des bars, les palmiers fraîchement plantés sont arrosés continuellement. Tel-Aviv est en pleine expansion sur Jaffa. D’un côté Miami city et de l’autre des vieilles maisons rafistolées ou en mauvais états.

Il est 15h lorsque je retourne vers Tel-Aviv par la plage, j’ai envie d’une bière sur le sable. Le soleil décline déjà, mais il fait encore bon. Je discute avec un couple d’espagnol de la pluie et du beau temps, pendant que leur gamine fait des pâtés, certains en profitent même pour se baigner alors que l’eau est glaciale.

Je me fais prendre en photo par le couple. Je m’ennuie un peu.... Demain je pars pour Jérusalem, c'est décidé. Même si Tel-Aviv n’est pas très intéressante, j’étais bien et fier d’être là…

Je regagne le Gordon et ma chambre lorsque je rencontre mes deux colocataires, qui n’étaient pas rentré de la nuit. Un couple de jeunes suédois : le gars est du genre gros-rougeot blond alors que la fille est plus du genre français que nordique, elle a les bras tatoués, un large papillon orne son épaule gauche. Ils sont très sympas, ils reviennent de la plage, se sont baignés et sont encore pleins de sable. Ils me racontent qu’ils sont revenus d’Eilat hier soir, puis qu’ils sont sortis en boite toute la nuit. Le gars me raconte en détail sa soirée et toutes leurs vacances. Cela ne fait pas cinq minutes qu’on se connait que je sais déjà tout d’eux. Je ne sais pas quoi dire, je suis un peu gêné. Je n’arrive pas à l’arrêter et je termine ses phrases par « yeah ! it’s cool ! l’air plus ou moins concerné. Je réussis enfin à lui couper la parole pour lui demander des renseignements sur Jérusalem. La première chose qu’il  me répond :

 

-          Don’t sleep at night in East-Jerusalem, it’s very dangerous.

 -          Ah bon ?

Malheureusement, tous les guides disent la même chose, mais je suis surpris quand même… On finit par prendre le soleil sur le balcon où sa copine nous apporte des bières Macchabée « yeah ! it’s cool » … Je leur propose de dîner ensemble ce soir, mais ça n'est pas possible. Ils se préparent à prendre l’avion pour la Suède cette nuit et ils préférent dîner à l’aéroport. Pendant qu’il me raconte ses exploits à Eilat, la plage, la mer, la plongée, les poissons multicolores, le désert et les Arabes, sa copine fait les bagages et s’occupe de tout. Elle range, plie, courre dans la chambre, secoue déplie, replie, empile, bref une vraie femme de ménage en vacances.

Après leur départ j’en profite pour m’allonger sur le lit, tranquille tout seul. Je sors vers 20h pour manger un morceau. Je retourne vers la plage pour un falafel et un coca. Il fait nuit noire et frais. Je ne sais pas quoi faire, j’aperçois un centre commercial, je me dirige mécaniquement vers le disquaire, mais ce n'est pas très intéressant. J’achète des cartes postales et je vais les écrire dans un bar de ce centre. Le barman reconnait mon accent et me parle en français. Ça lui fait vraiment plaisir et à moi aussi par la même occasion. J’ai mal aux mâchoires à force d’essayer d’avoir un pseudo accent anglais. Lui aussi me raconte sa vie en cinq minutes « Israël c’est dur mais c’est mieux « me dit-il. Et comme pour le Suédois je réponds « oui c’est cool !!! » Je lui commande une glace.

Ma deuxième soirée n'est pas terrible et je m’ennuie, j’en ai marre de traîner et la meilleure chose à faire est d’aller me coucher. Je suis bien crevé, je m’endors comme un sac de plomb. Je dors d’une traite jusqu’au matin.

 

Didier Kalionian - Le Blog Imaginaire (c) 2001 - 2019

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