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Didier K. Expérience
14 août 2020

Comme Un Voyage Initiatique (Israël 1999) - E.1/14


Jerusalem

Un soir de janvier 1999, je décide de passer à l’agence Nouvelles Frontières des Halles, j’ai de nouveau envie de voyager. Tout le monde autour de moi veut m’envoyer en Irlande, l’idée ne me séduit pas plus que ça. J’ai envie de soleil et je ne veux pas rester en Europe.

En arrivant aux Halles, j'ai pris ma décision, j’irai en Israël.

J’achète mes billets d’avion, départ le lundi 18 janvier, retour le dimanche 24. Je rentre chez moi tout fier d’avoir choisi une telle destination : j’en serai bien le seul.

Mes amis sont scandalisés par ce voyage qui brise l’embargo virtuel qu’ils ont mis sur ce pays par compassion avec le peuple palestinien. Mais moi, je m’en fous, je veux y aller. De toute façon, je ne peux plus faire marche arrière. J’ai toujours soutenu les Palestiniens, mais les Israéliens ne me laissaient pas indifférents.

Le vol est prévu très tôt le lundi matin, je suis debout à 4h, j’attrape le premier métro et le premier train en direction de Roissy-CDG, le tout en courant comme un fou dans les couloirs pour ne pas être en retard. Je suis très excité à l’idée de prendre l’avion, j’adore ça.

Arrivé à l’aéroport vers 6h30, première surprise : je ne trouve pas le guichet pour enregistrer mon vol et mon sac à dos. Pas de trace de Star Airlines, la compagnie aérienne.

Après avoir tourné en rond deux fois, je me risque à demander mon chemin à un CRS. Il me renseigne fort aimablement. Deuxième surprise, tous les vols pour Israël se font à l’extérieur sur le parking, dans une tente, pour éviter tout risque d’attentat …pour les autres, me dit le CRS. Ça commence bien !

Officiellement, un steward me dit que c’est parce que le Terminal 9 n’est pas encore terminé, qu’on est dehors. Mais alors pourquoi uniquement les vols pour Israël ? Les deux versions me laissent perplexes !

L’enregistrement se fait sans problème. Un bus arrive et nous voilà parti pour près de cinq minutes de transport sur les pistes jusqu'à l’autre bout de l’aéroport. On est vraiment bien à l’écart… Vraiment, aucun risque pour les autres. L’avion nous attend là. Une heure plus tard, je serai en route pour Tel-Aviv.

Je dors un peu. Le vol est quelque peu chaotique. Lorsque je me réveille, je vois une dizaine de rabbins faire leur prière, debout dans le couloir, se moquant totalement des règles de sécurités, n’obéissant pas aux injonctions du personnel de bord pour laisser le passage libre, gênant le service.

Mes voisins discutent avec moi, (enfin ils monologuent avec moi). Ils me racontent leur vie pendant une bonne heure. Je n’ai pas d'autre choix que de les écouter. D’habitude j’aime plutôt ça, mais ce jour-là, je n’étais pas d’humeur à soutenir une discussion. 

Un des rabbins propose de m’aider à faire ma prière… ”Non merci ” dis-je.

Je n’ai jamais entendu un tel brouhaha dans un avion et cela durant les quatre heures de vol. Le repas est une vraie partie de plaisir, tout le monde se jetant sur les plateaux comme des affamés. Je n’avais jamais vu ça. Les hôtesses se faisant littéralement dévaliser les paniers de petits pains, certains en prennent par poignées. Les hôtesses sont excédées mais elles ne disent rien. Mes voisins devant moi se lèvent et crient soudainement, ils ont reconnu une amie dans l’avion. Après les embrassades d’usage et les mille et une questions, ils se séparent avec la phrase qui tue - ”si tu restes à Tel-Aviv, tu viens nous voir quand tu veux, vraiment quand tu veux, mais avant, tu passes faire un tour au magasin ! ” -  Le gag continue et semble ne pas vouloir s’arrêter.

Enfin, le commandant de bord annonce la descente et notre arrivée imminente à Tel-Aviv. Tout d’un coup, plus un seul bruit et tout le monde regagne son siège. Comme d’habitude, je consulte le guide du routard à la dernière minute. L’atterrissage est bien. Ouf, enfin je vais pouvoir sortir et quitter ces fous !

La première chose que je remarque en descendant de l’avion, ce sont les avions de guerre bien rangés sur le côté…

A peine arrivé qu’un parasite me colle et m’accoste : 

-          Je pars pour Jérusalem, ça te dit de venir avec moi ? Tel-Aviv c’est nul, moi je préfère les vieilles pierres. 

-          Non merci ! Je veux visiter cette ville, dis-je poliment.

Il fait beau mais frais, 15h heure locale et pourtant le soleil commence déjà à décliner, à 19h il fera nuit noire…

L’aéroport David-Ben-Gourion ressemble un peu à celui de Montpellier, sans originalité, style année ’70. Avant le passage à la douane, il me faut remplir un visa et faire la queue. Je ne sais pas pourquoi, tout le monde me demande de remplir le leur ! 

-          Moi, je suis né en Tunisie et je vais à Netanya, tu peux écrire pour moi en français ? 

-          Euh… OK ! 

-          Moi aussi, je suis né en Tunisie et je vais à Netanya aussi.

J’en fais deux, puis trois, et je commence à être débordé. J’hésite, je n’ose pas dire non puis, je vois que la queue grandit. Je fais des excuses à tout le monde et je me dirige vers la douane, je donne mon passeport, je commence à répondre aux questions de la policière “ oui c’est la première fois, oui je suis touriste, oui je compte voyager à l’intérieur du pays et oui je reste une semaine ” le tout en anglais de cuisine.

Elle tamponne mon passeport et me souhaite la bienvenue. Enfin, ça y est, j’abandonne les fous, je suis en Israël… Je me dirige vers un distributeur, je fais encore la queue. C’est incroyable comme certains peuvent être perdu et désarmé devant le même distributeur qu’en Europe. C’est long, c’est toujours trop long, j’ai hâte de sortir d’ici. Enfin, c’est mon tour et en 30 secondes, je prends mes shekels, je sors de l’aéroport… Je compulse mon guide, je cherche le numéro de bus 222 pour Tel-Aviv centre et je localise l’arrêt. Pour l’instant c’est simple.

16h, je n’ai encore rien fait, je dois trouver un hôtel. Je révise mon guide, mon œil accroche une adresse : le Gordon Youth Hostel.

Une jeune touriste noire arrive et me demande en anglais si c’est bien l’arrêt pour le centre, ”yes ” je réponds ! J’ai vraiment du mal à articuler, mes mâchoires restent bloquées dès que j’essaie de parler en anglais. Elle me demande si j’ai trouvé un hôtel et je lui parle du Gordon, elle l’a aussi dans son guide, je lui propose qu’on y aille ensemble “ yes ” me dit-elle. Les vacances commencent enfin vraiment.

Je m’appelle Didier et je suis Français, elle s’appelle Rowyna et elle est Australienne d’origine Malaisienne : ce qui explique sa couleur… Le bus arrive, j’achète un ticket, je remarque tout de suite un détail, le chauffeur écoute du Mike Brandt, je suis à l’étranger et la première musique que j’entends est en français. Nous sortons enfin de la zone de l’aéroport. Nous sommes à environ 20 Km de la ville ; la végétation ne me semble pas inconnue, j’ai vraiment l’impression d’être à Montpellier… Je discute en anglais avec Rowyna, on est tous les deux surpris par le fait qu’il fasse presque nuit à 17h.

Nous sommes au Moyen-Orient, nous roulons sur une autoroute qui pourrait nous amener n’importe où en Europe, mais pas à Tel-Aviv.

 

Didier Kalionian  - Le Blog Imaginaire (C) 2001 - 2019

(Si cette histoire vous a plu, n’oubliez pas de liker. Merci. Retrouvez la communauté des lecteurs sur Facebook, DKalionian BlogImaginaire)

 

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Commentaires
C
J'adore c'est tellement vivant.
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Didier K. Expérience
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